Un mot de Denis

Chère amie, cher ami,

J’ai vécu dans la rue pendant deux ans et je n’oublierai jamais la noirceur. J’étais pauvre, j’avais peur et j’étais seul. Le peu de contrôle qui me restait encore sur ma vie m’échappait peu à peu, pris dans une spirale qui m’entraînait toujours plus vers l’abîme. Je n’ai jamais pensé me retrouver sur ce chemin mais, au printemps 2002, je frappais à la porte de la Mission Old Brewery.
Mon histoire n’est ni unique ni exceptionnelle. Je suis le plus jeune de huit enfants. Ma mère nous entourait et mon père, un travailleur acharné, est décédé quand j’avais 21 ans.
Mes deux parents avaient un coeur en or. Lorsque mon père est mort, les liens qui unissaient la famille se sont dissipés; nous menions tous des vies très actives et nous avons fini par perdre contact.
J’avais tout le confort imaginable; un grand appartement, des vêtements de qualité, un emploi à temps plein que j’aimais bien et un futur tout tracé. Comme mon père, je travaillais dur—60 heures par semaine dans l’industrie du service, la plupart du temps en soirée ou la nuit. Sans m’en apercevoir, ce type de vie m’a isolé et j’ai perdu tout ce qu’il y a d’important dans la vie… mes amis et ma famille. J’étais tout seul, sans le savoir.

La première fois que je m’en suis rendu compte, c’est quand ma vie a tourné à la tragédie. Je suis tombé gravement malade et j’ai été hospitalisé entre la vie et la mort. Après des semaines de traitements médicaux et de repos forcé au lit, j’ai finalement commencé à prendre du mieux, mais aussi me confronter à la réalité : je ne pouvais plus m’en sortir seul.
La Mission Old Brewery a été là pour moi quand j’ai eu vraiment besoin d’elle; elle m’a fourni des repas chauds, des vêtements de rechange et un lit pour dormir la nuit. Elle m’a aidé à retrouver mon amour propre et à rêver de nouveau à une vie simple et satisfaisante.

Elle est devenue le filet de sécurité que j’avais perdu… que chacun de nous peut perdre sans s’en rendre compte. Pour tout cela, je dois une fière chandelle au personnel de la Mission Old Brewery.
Redonner au suivant—à ceux et celles qui sont dans la rue—est ma façon de dire « Merci ». Aujourd’hui, je travaille bénévolement plusieurs heures par semaine à servir des repas au Pavillon Webster et à m’occuper de tâches administratives à la Fondation.
Je vous remercie du fond du coeur d’apporter votre soutien à la Mission Old Brewery. Votre don change vraiment la vie de milliers d’hommes et de femmes qui, comme moi, ont besoin de vous pour retrouver leur chemin.

Sincèrement,

Denis Myre