À 43 ans, Parise est prête pour le changement. Après avoir bien gagné sa vie pendant vingt ans comme assistante juridique dans quelques-uns des cabinets juridiques les plus réputés de Montréal, elle envisage de commencer une nouvelle carrière.
« J’aimerais faire quelque chose de créatif, mais également quelque chose qui donne de la joie aux gens, comme offrir un service de coiffure », raconte-t-elle. « Les gens sont contents quand ils sortent d’un salon de beauté, du moins, je l’espère ! », plaisante-t-elle.
Mais il faut avant tout que Parise organise son déménagement dans son nouvel appartement pour lequel elle vient tout juste de signer un bail. Cela ne devrait pas lui prendre beaucoup de temps; elle ne possède pas grand-chose.
« J’avais beaucoup de beaux vêtements », se rappelle Parise. Elle décrit son manteau de pluie de marque réputée, qu’elle avait acheté chez Simons il y a de cela quelques années. Il est désormais abîmé par le temps. « Mais ces choses n’ont pas d’importance. »
Après s’être battue des années pour stabiliser sa santé mentale, sans le soutien de sa famille et après avoir vécu dans la rue, Parise sait exactement où elle doit concentrer ses efforts : la guérison. Elle se sent redevable au programme de la Mission Old Brewery, le Projet de réaffiliation en itinérance et santé (PRISM) en partenariat avec le CHUM, grâce auquel elle a retrouvé la stabilité et peut maintenant avoir des perspectives d’avenir.
Le programme PRISM a été lancé pour la première fois en 2013, quand il a été proposé aux hommes itinérants du Pavillon Webster de la Mission. Avec un taux de succès élevé, la Mission et ses partenaires furent tentés d’étendre le programme aux femmes sans-abri. Le programme est donc disponible pour les femmes depuis mars 2015 au Pavillon Patricia Mackenzie.
D’après Nathalie Ménard, travailleuse sociale pour le CHUM à la Mission, travailler au sein même du Pavillon Patricia Mackenzie fait toute la différence pour les femmes comme Parise. La plupart des femmes itinérantes atteintes de problèmes de santé mentale chroniques sont plutôt sceptiques quant aux hôpitaux et aux institutions en général, rendant impossible le suivi des traitements par les professionnels de la santé.
« Avec le programme PRISM, nous les rencontrons là où elles vivent, où elles se sentent à l’aise et en sécurité, explique Nathalie, l’approche est plus informelle, et ça fonctionne. »
D’après Nathalie, le succès du programme repose sur une forte collaboration avec les travailleurs du milieu, les psychiatres et les autres organismes communautaires qui travaillent tous ensemble pour s’assurer que les personnes comme Parise reçoivent l’aide dont elles ont besoin pour reprendre leur vie en main. « Nous avons tous une clé qui ouvre une porte, ajoute Nathalie. Ensemble, nos clés peuvent ouvrir de nombreuses portes. »