À son arrivée au Québec en 2018, Marie a souhaité travailler avec les populations vulnérables. Elle a donc postulé pour un poste de conseillère en intervention dans l’équipe des services de soutien en logement de la Mission Old Brewery, son premier emploi au Québec, qu’elle n’a jamais quitté !
Son expertise et son rôle dans notre organisme étant très pertinents pour notre mois de la prévention, nous avons décidé de lui poser quelques questions.
Depuis un an, j’occupe le poste de coordonnatrice de liaison des services de prévention et de soutien en logement. Avec l’équipe des services de soutien en logement (SSL), j’ai la chance d’être cheffe d’équipe de Projet Logement Montréal, dont l’objectif vise à stabiliser en logement des personnes vivant une situation d’itinérance chronique.
Concernant la prévention, notre but est d’agir le plus en amont possible afin d’éviter qu’une personne se retrouve en situation d’itinérance et donc, dans un service d’urgence. C’est un vrai changement, car on ne traite pas l’itinérance, on tente de l’éviter.
La particularité de mon poste réside dans le fait qu’il soit « interservices » : je ressens une réelle appartenance aux deux services. De par mon rôle aux SSL, j’ai une vision d’ensemble sur les projets immobiliers de la Mission Old Brewery, les logements disponibles et leurs critères d’accès. C’est un service dans lequel j’évolue depuis plusieurs années maintenant, je connais les réalités des équipes d’intervention de soutien en logement et leurs défis quotidiens pour maintenir la stabilité résidentielle des résidents et résidentes. Grâce à ce poste de liaison, la communication entre les deux services est facilitée, les informations sont transmises rapidement ce qui permet d’être réactif pour les mises en logement.
L’accompagnement psychosocial mise sur le référencement, l’évaluation et l’orientation. Nous sommes des « facilitateurs » d’accès aux logements. Nous repérons les personnes grâce aux différents partenariats développés avec des organismes qui accompagnent des individus à risque d’être en situation d’itinérance (milieux carcéraux, éviction, toxicomanie, immigration, etc.) et nous cherchons à les accompagner vers le logement.
Pour cela, nous cherchons à développer un réseau immobilier pour arrimer les personnes non seulement rapidement, mais aussi dans des logements adaptés à leurs besoins, leurs critères et leurs préférences. Finalement, c’est un service de jumelage entre des personnes à risque d’itinérance et des logements de tout type dans la communauté. Grâce aux actions ciblées de l’équipe d’intervention en prévention et à leur réactivité, nous avons reçu à ce jour plus de 115 références et réussi à trouver des solutions pour 48 % de ces personnes, c’est-à-dire qu’elles sont donc déjà installées en logement ou acceptées dans un programme en voie d’emménager.
Nous avons créé une fiche référence en prévention. Grâce aux informations transmises, nous évaluons les besoins de la personne et vérifions les critères d’accès à un logement subventionné ou non. Un intervenant en prévention est désigné pour orienter la personne vers un logement ou un programme adapté à sa situation, c’est-à-dire trouver le meilleur « match » possible. L’objectif est certes que la personne évite le refuge et le traumatisme de l’itinérance, mais également qu’elle puisse trouver une stabilité résidentielle.
Notre premier défi est le temps, nous avons toujours une fenêtre temporelle limitée pour éviter le service d’hébergement d’urgence. Nous recherchons donc toutes les options possibles pour la personne, c’est parfois une vraie course contre la montre.
Un autre défi que nous remarquons, avec la crise du logement, c’est que le risque d’itinérance a de nouveaux visages : ce sont de plus en plus des couples, des ménages avec enfants ou encore des demandeurs d’asile qui de par leur situation administrative, ne peuvent accéder à des logements subventionnés. Il reste difficile de trouver des programmes pour ces profils, notre objectif est donc d’innover et d’être toujours à la recherche de nouvelles solutions.