Rencontre avec Mariane Dupuis, intervenante au suivi psychosocial pour le programme PRISM

18 février 2025
Photo de Mariane Dupuis, intervenante au suivi psychosocial pour le programme PRISM.
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Mariane Dupuis, intervenante au suivi psychosocial pour le programme PRISM.

Pourrais-tu te présenter, s'il te plaît ?

Moi, c'est Mariane Dupuis. Je suis intervenante au suivi psychosocial pour le programme PRISM, et en janvier dernier, cela a fait cinq ans que je travaille pour la Mission Old Brewery.

Peux-tu nous expliquer ce que vous faites au PRISM ?

Le PRISM, c'est un programme de réaffiliation destiné aux personnes en situation d'itinérance qui sont aux prises avec des enjeux de santé mentale. On travaille en collaboration avec le CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, dont un infirmier et un travailleur social du CIUSSS, et un psychiatre qui vient une à deux fois par semaine rencontrer nos résidents.

Les personnes qui rentrent au PRISM ont des enjeux de santé mentale divers, surtout de nature psychotique, et n’ont pas d’équipe traitante. Notre objectif, c’est d’offrir un épisode de soins à quelqu’un qui n’y a pas accès. Parfois, il s’agit de gens qui n'ont jamais eu d'équipe traitante ou qui en ont eu par le passé, mais qui, pour diverses raisons, comme un déménagement ou autre, ont perdu leur suivi.

Comment les gens ont-ils accès au PRISM et qu’est-ce qu’il vise ?

Nous pouvons accueillir nos résidents par le biais de recommandations, que ce soit ici à l’interne, par le milieu hospitalier, d'autres organismes ou le milieu carcéral. Par exemple, une personne qui était en psychiatrie et dont le travailleur social constate qu'à sa sortie, elle n'a ni logement, ni équipe traitante, pourrait être un bon candidat pour notre programme.

Notre but est de prendre ces gens et de les stabiliser. Souvent, ça passe par de la médication, quoique pas toujours. Une fois le processus entamé, nous entreprenons ensemble des démarches psychosociales, comme la déclaration des impôts, car tout logement subventionné nécessite des impôts à jour. On s’assure que les gens obtiennent une carte d’assurance maladie du Québec, parce que, souvent, ils n’ont pas de numéro de RAMQ, et toute la documentation pour avoir un dossier complet nécessaire pour l’obtention d’un appartement. Et une fois que tout ça est prêt, on recommande la personne pour obtenir un appartement. On a notamment un bon partenariat avec l’organisme Diogène.

Est-ce qu’il y a une forme d’accompagnement une fois en appartement ?

Oui : une fois en logement, nos collègues du CIUSSS vont faire des démarches pour s’assurer que la personne obtienne un suivi intensif dans le milieu (SIM), un suivi d'intensité variable (SIV), ou celui d’une clinique externe, pour s'assurer que la personne ait une prise en charge, comme nous ne sommes présents que de façon transitoire, de la rue à la stabilisation.

Parle-nous un peu de ton parcours.

Après un passage à l'éducation aux adultes, je me suis inscrite au cégep dans une technique d'intervention en délinquance. Le programme était fortement axé sur le milieu carcéral, c'était très institutionnel. Un jour, en début de deuxième année, j'ai levé la main en cours et j'ai dit que ce qui m'intéressait, c'était l'itinérance, que je voulais travailler avec les personnes qui se retrouvent dans cette situation. J'ai demandé si on allait en parler, et on m'a répondu que je n'étais pas vraiment dans le bon programme et qu'on n'allait pas en discuter beaucoup. Je me suis levé et j'ai dit : « Ok. Bye ». J'ai quitté l'école. Par la suite, je me suis inscrite dans une AEC en éducation spécialisée, un programme rapide de deux ans. Ensuite, j'ai travaillé un moment en maison de thérapie, et après, j'ai été engagée à la Mission Old Brewery.

Tu aimes ton travail, ça t’apporte une certaine satisfaction ?

Oui. Je crois que lorsque les gens voient que tu es là pour les bonnes raisons, que tu veux vraiment les aider, cela crée de très belles relations. Nous recevons beaucoup de reconnaissance. J'ai eu plus d'interactions positives avec les résidents que de négatives. Je pense que je me suis fait plus d'amis parmi le personnel en cinq ans, de bons amis, que dans toute ma vie avant de travailler ici. Mes amis proches, ce sont presque toutes des personnes que j'ai connues ici.

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