Rencontre avec Desmond Olsthoorn, directeur des services d'urgence et de proximité

27 janvier 2025
Photo de Desmond Olsthoorn, directeur des services d'urgence et de proximité.
i

Desmond Olsthoorn, directeur des services d'urgence et de proximité.

Est-ce que tu peux te présenter ?

Moi c’est Desmond Olsthoorn, directeur des services d'urgence et de proximité pour la Mission Old Brewery.

Quelles sont les responsabilités liées à ton poste ?

Il y a deux volets à mon rôle ; je vais commencer par celui de l’urgence. Celui-ci englobe tout ce qui concerne les services d’urgence de première ligne, si je peux dire. Notre mission, dans ce cadre, est d’accueillir les personnes qui ont recours à ce service. Cependant, nous ne proposons pas qu'un hébergement temporaire d’une nuit, comme c’était le cas à l’époque des refuges.

Quand quelqu’un arrive chez nous, il reste jusqu’à ce qu’une prise en charge soit mise en place. Notre objectif est de rétablir le lien de la personne avec la société, de l’aider à se réaffilier, et, finalement, de lui permettre de retrouver un logement stable. Ce n’est pas seulement une question de brique, de mortier, d’un toit ou d’un repas. Il s’agit d’abord de sécuriser la personne, puis de découvrir ce qui l’anime et de comprendre son histoire de vie. Ensuite, nous travaillons à déterminer ce qui peut être fait pour l’aider à ne pas retourner en situation d’itinérance et à retrouver une stabilité dans sa vie.

Et le deuxième volet ?

Le deuxième volet concerne les services de proximité. Par exemple, on a le Café Mission, qui est une halte-répit où les gens viennent se réchauffer en hiver, ou se rafraîchir en été. On y sert des collations, de petits repas, un café, un service de buanderie et de douche, et un accès à Internet. Il est ouvert 24 heures sur 24, sept jours sur sept. En parallèle, ça nous permet d’avoir un contact avec la clientèle et de commencer à les connaitre.

On n'est pas dans l'hébergement d’urgence ici, mais souvent on commence à faire de la réaffiliation. On vérifie s'ils ont une pièce d’identité, s’ils ont accès à des soins de santé ou si leurs impôts sont à jour. Si ce n'est pas le cas, tu ne peux pas rentrer dans le système et avoir accès à tout le soutien d'une personne affiliée à la société. On va essayer de créer des liens de confiance.

Pour n'importe quelle personne qui entre dans nos services, que ce soit par la proximité ou l'urgence, on a ce que j’appelle un triage. On fait une évaluation, puis on va les diriger vers le bon département, que ce soit celui de la prévention ou du relogement, par exemple. Lors du triage, on peut aussi les diriger vers des partenaires, si nous ne sommes pas en mesure d'offrir le service, ou si nous sommes au maximum de notre capacité.

Nous offrons également un service de navette : un mini-autobus de 15 places qui parcourt la ville, les stations de métro à leur fermeture, ainsi que d’autres lieux stratégiques où nous savons que des personnes en situation d’itinérance se trouvent. Elle permet de les rediriger vers des endroits où nous avons identifié des places disponibles chaque jour, que ce soit dans d’autres haltes-répit, auprès d’organismes partenaires ou dans des ressources similaires.

En complément, nous disposons aussi d’une clinique mobile qui intervient directement dans l’espace public pour offrir des services, évitant ainsi que les personnes aient à venir jusqu’à nous.

Quel était ton emploi avant de venir travailler à la Mission Old Brewery ?

Grosso modo, j'ai eu à peu près trois vies professionnelles. Je suis rendu à ma quatrième. Je suis très content de travailler pour la Mission Old Brewery. Je sens que j'apporte un bagage, une expertise qui est carrément transférable de mes derniers emplois. Dans ma dernière vie, si je peux dire, je travaillais pour le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal. J'y ai fait presque un an à gérer les sites de vaccination pour la COVID-19. J'ai beaucoup appris sur le système de santé, et ça m'a permis de voir qu'il y avait vraiment des gens compétents et des experts dans notre système. Il y a du monde dédié.

J’ai aussi travaillé environ deux ans et demi sur le projet de maisons des aînés et maisons alternatives à préparer tout le volet clinique pour leur ouverture. Ce sont les CHSLD 2.0 et, dans ce cas-ci, c'était pour une clientèle avec déficience intellectuelle, trouble de l'autisme et déficience physique. J'étais responsable de l’aspect clinique pour ce projet-là. Mon rôle était de préparer les opérations pour l'ouverture.

Avant ça, il y a une douzaine d'années, j’ai travaillé dans les résidences pour personnes âgées. Je m’occupais de différentes régions, jusqu'à 12 à travers la province. À un moment donné, je travaillais même dans deux provinces différentes, en Ontario et au Québec. J’y faisais de la gestion d’équipe et opérationnelle. Et ma première carrière avant tout ça, c’était en gestion hôtelière. C’était une belle expérience.

Qu’est-ce qui t’a amené chez Mission Old Brewery ?

J'ai travaillé longtemps dans les entreprises privées. Mon objectif, c'était que ce soit rentable. Il fallait trouver l'équilibre entre livrer un service, selon la mission et selon notre capacité, et dégager un profit parce qu’on est là pour faire croître et faire grandir l’entreprise.

Maintenant, je suis rendu à l'étape où mon « bottom line » ce n'est pas du profit en dollars, mais c'est du profit humain. Je veux mettre à profit tout mon bagage d'expérience en gestion, en opération, en gestion d'horaires et ma vision stratégique pour pouvoir faire un profit humain.

Inscrivez-vous à notre infolettre