Recette gagnante pour une cohabitation réussie

25 juillet 2024
James Hughes
Une photo d'un campement de fortune près de la rue Notre-Dame à Montréal, avec le pont Jacques-Cartier en arrière-plan.
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Campement de fortune situé à proximité de la rue Notre-Dame à Montréal.

Il faut l’admettre : la situation de l’itinérance dans notre métropole ne va pas bien, et ce, malgré tous les efforts considérables déployés par les organismes communautaires et gouvernementaux. Chaque jour, nous sommes témoins de la précarité croissante de nombreux citoyens qui se retrouvent à la rue, souvent pour une première fois. Les causes de l’itinérance sont multiples : perte d’emploi, accès aux soins pour les problèmes de santé mentale et dépendances, et surtout, une pénurie de logements sociaux et abordables. Cette réalité est déchirante et demande de trouver des solutions rapidement, avec compassion et créativité.

Nous le répétons depuis des années : la meilleure réponse à cette crise et aux problèmes de cohabitation qui en découlent est d’offrir une option de logement adaptée à tous. Le logement est un droit fondamental, et chaque personne mérite un endroit sécuritaire et stable où vivre. Malheureusement, dans le marché actuel, il s’agit d’un rêve plus que d’une réalité.

Pour remédier à cette situation, l’instauration d’un véritable droit au logement est cruciale. Il est impératif d’investir massivement pour atteindre un parc locatif composé d’au moins 20 % de logements sociaux, à l’image de plusieurs pays européens ayant démontré qu’il est possible de garantir un toit à tous en mettant en place des politiques sociales ambitieuses et des investissements conséquents dans le logement social.

En attendant de telles mesures, que peut-on faire collectivement ?

Regarder passivement le problème de l’itinérance s’aggraver ne fera qu’accentuer les conflits dans l’espace public. À court terme, il demeure essentiel d’offrir des services d’hébergement d’urgence adaptés et modernes à la population en situation d’itinérance, et cela, à travers la ville.

Quelles sont les conditions gagnantes à considérer pour installer de tels services dans des quartiers dits résidentiels comme Rosemont, Ahuntsic, Verdun et Côte-des-Neiges ?

Voici quelques éléments à prendre en considération :

  1. Disponibilité 24/7 : des services accessibles et sécuritaires en tout temps, sans interruption.
  2. Espaces dignes et intimes : des lieux d’accueil offrant des espaces individuels dignes, augmentant ainsi le sentiment de sécurité et d’intimité.
  3. Équipes bien formées : du personnel qualifié dans l’accompagnement des résident(es) vers les solutions permanentes de logement.
  4. Offre alimentaire de qualité : des repas sains et satisfaisants encouragent la présence régulière au sein des services.
  5. Services médicaux sur place : une présence récurrente de soins de santé accessibles directement sur place selon les besoins de la clientèle cible.
  6. Contrôle du périmètre de l’établissement : assurer la sécurité des lieux et des alentours.
  7. Bonne communication : informer et dialoguer avec les résidents du quartier avant et pendant l’implantation d’une ressource, avec un numéro de téléphone pour les urgences par la suite.
  8. Adaptation : chaque organisme doit adapter ses services selon la réalité de chaque quartier en considérant également la capacité d’accueil.

Il ne faut pas perdre de vue que les établissements d’hébergement d’urgence offrent bien plus qu’un lit pour la nuit. Ces services permettent aux individus de compléter les démarches administratives (parfois lourdes et longues !) qui leur permettront ensuite d’accéder à un logement : récupération des pièces d’identité, déclaration de revenus à compléter, inscription à une subvention au logement (PSL) et recherche de logement. En tant qu’organismes dédiés à la recherche de solutions à l’itinérance, c’est notre mission d’accompagner chaque individu volontaire vers les opportunités limitées de logement actuelles.

Les inquiétudes en matière de sécurité de la part du voisinage voyant un nouveau projet dans son quartier sont légitimes, mais un refus total de quelque projet que ce soit pour des personnes en situation d’itinérance garantit que les problèmes d’itinérance en milieu public s’empireront encore plus. En d’autres termes, en matière de cohabitation sociale, il est essentiel que chaque quartier fasse sa part. En agissant ensemble, avec détermination et humanité, nous pouvons améliorer la situation à court terme, en continuant d’espérer un avenir plus lumineux pour tous nos concitoyens montréalais.

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