L’histoire se répète de plus en plus souvent : des résidents s’émeuvent de la perspective de voir un centre de services d’urgence pour les personnes en situation d’itinérance ou un site d’injection sûr pour les personnes aux prises avec une toxicomanie s’installer à proximité de leurs résidences ou près des écoles que fréquentent leurs enfants.
La semaine dernière, dans une ville située juste au sud d’Edmonton, un groupe s’opposant à la mise sur pied d’un refuge pour les personnes en situation d’itinérance de 147 lits a déclaré que la ville ne pourrait pas accueillir un tel établissement. À leur tête, Debbie Hunker a déclaré : « Les gens me demandent : “Où vont-ils aller ? Qu’allons-nous faire ?” Cela peut sembler un peu cruel de dire que ce n’est pas mon problème. »
Le nombre de personnes en situation d’itinérance ayant augmenté de 30 % à Montréal depuis la COVID pour atteindre un minimum de 4 690 personnes chaque jour, nous devons avoir une conversation honnête pour déterminer où elles vont aller dans notre ville.
Idéalement, les personnes en situation d’itinérance trouveraient un logement permanent avec un accompagnement et un soutien professionnels si nécessaire. Mais avec un taux d’inoccupation de 1 % à Montréal pour les appartements abordables et une nouvelle offre qui n’arrive qu’au compte-gouttes, nous continuerons malheureusement à avoir besoin des services d’urgence existants et peut-être même à étendre ces services à court terme, jusqu’à ce que davantage de logements extrêmement abordables soient disponibles. À cette fin, notre agence locale de santé s’efforce d’étendre le réseau de lits des services d’urgence de 1600 à près de 1800.
Où ces lieux supplémentaires vont-ils s’installer si les collectivités y résistent, voire s’y opposent ? J’invite toutes les collectivités et tous les quartiers de Montréal à reconnaître que nous avons tous un rôle à jouer pour aider les plus défavorisés de la société à trouver un logement sûr et sécurisé cet hiver et tout au long de l’année. Cela ne signifie pas que les résidents ne doivent pas poser des questions difficiles sur les nouveaux services et les nouvelles installations dans leur région. Ils doivent pouvoir s’attendre raisonnablement à des réponses honnêtes et transparentes de la part des opérateurs de services. Mais la conversation ne peut pas commencer par « Pas dans ma cour ».
Lorsque la Mission Old Brewery a commencé à considérer Lachine comme site d’un de ses projets de logement social, nos équipes se sont assurées de jeter les bases de son succès. Nous avons contacté le conseil d’arrondissement, les organismes locaux et les tables de concertation pour connaître les préoccupations de la population. Bien sûr, il y a eu des résistances au début, mais nous nous sommes assurés d’expliquer le cadre du projet, d’en discuter avec tous les intervenants, et de cerner de façon proactive les mesures qui faciliteraient l’harmonie sociale. Aujourd’hui, alors que nous sommes sur le point de commencer la construction de ce nouveau projet de 18 logements, nous sommes convaincus que les gens de Lachine soutiennent ce nouvel arrivant dans leur secteur et qu’ils le considèrent comme une solution durable à l’itinérance.
Notre ville doit trouver des moyens d’accueillir de nouvelles installations, de manière équitable, sur l’ensemble du réseau d’arrondissements. Si nous ne le faisons pas, nous nous retrouverons inévitablement avec encore plus de campements de fortune et de personnes dans la rue que ce que nous connaissons aujourd’hui.
Soyons donc une ville qui passe de « Pas dans ma cour » à « Oui, dans ma cour ! » Et agissons rapidement.