Itinérance : une nouvelle réalité requiert d’autres solutions

19 septembre 2019

Une nouvelle étude conclut qu’il faut offrir des services plus accessibles

Un nouveau rapport intitulé Unité de débordement à Montréal en 2019 : principales conclusions et recommandations, produit par notre département de recherche, met en lumière certaines situations éprouvantes auxquelles font face les personnes sans-abri de Montréal. Parmi ces situations, on retrouve un grand nombre de personnes se déclarant alcooliques, des interactions régulières avec la police et les agents de sécurité, un recours fréquent à d’autres services et une interdiction d’avoir accès à la plupart des services offerts aux personnes sans-abri. Le rapport révèle certains faits peu connus. Il contribuera à façonner notre compréhension collective de l’itinérance, à améliorer des services et à en créer de nouveaux.

Le rapport est basé sur les statistiques d’admission recueillies et examinées tout au long de l’exploitation de l’unité de débordement installée dans l’ancien Hôpital Royal Victoria de janvier à avril 2019, ainsi que sur les 20 entrevues menées auprès d’hommes et de femmes qui ont eu recours à ce nouveau service. La Mission Old Brewery et les autres principaux organismes d’aide aux personnes sans-abri de la ville, soit la Mission Bon Accueil, la Maison du Père et l’Accueil Bonneau, travaillent présentement de concert avec le CIUSSS Centre-Sud et la Ville de Montréal pour ouvrir l’unité de débordement à nouveau l’hiver prochain.

L’objectif principal de cette unité de débordement est d’accueillir les personnes sans-abri qui ne trouvent pas refuge dans les centres habituels lorsque les températures hivernales sont particulièrement inhospitalières. Toutefois, contre toute attente, le rapport indique que le nombre d’usagers n’a pas augmenté pendant les nuits exceptionnellement froides et qu’il n’a pas diminué quand la météo s’est faite plus clémente.

« Ce que nous pouvons comprendre de l’absence de corrélation entre la fréquentation et la température, c’est que l’utilisation de l’unité de débordement a également été motivée par d’autres circonstances, explique Hannah Brais, coordonnatrice de la recherche à la Mission Old Brewery. Ces usagers signalent les lacunes du réseau de services actuel de notre ville ; par exemple, qu’il nous manque de ressources pour lutter contre l’itinérance chez les personnes ayant des troubles importants liés à l’usage de substances. Des services comme un centre de consommation d’alcool contrôlée aideraient bon nombre de ces usagers à quitter la rue. »

Le rapport montre également que 60 % des répondants auraient aimé recevoir un soutien psychosocial dans le refuge de débordement. En réponse à cette demande, les organismes participants envisagent de fournir un conseiller sur place à l’unité de débordement 2020, qui offrirait du soutien à ceux qui le désirent.

Matthew Pearce, président et chef de la direction de la Mission Old Brewery, précise que le rapport s’inscrit dans le cadre des efforts continus de la Mission pour accélérer le changement et influencer les politiques à l’aide d’initiatives appuyées sur des données probantes. En 2010, la Mission a mis sur pied un département de recherche et a commencé à travailler plus étroitement avec l’Université McGill et d’autres institutions importantes pour mieux comprendre les gens qui utilisent ses services.

« Le fait de se baser sur des intuitions et des anecdotes pour résoudre un problème comme celui de l’itinérance serait non seulement inefficace, mais également irresponsable, ajoute M. Pearce. Les recherches universitaires sur l’utilisation des unités de débordement sont pratiquement inexistantes et les données disponibles sont désuètes. Ce rapport offre des renseignements essentiels qui nous permettront de mieux comprendre comment nous travaillons avec certaines des personnes les plus vulnérables et les plus marginalisées de Montréal. Notre objectif est de rendre cette information aussi largement accessible que possible. »

Principales conclusions et recommandation

  • 85 % des répondants estiment que l’unité de débordement devrait rester ouverte toute l’année.
  • 60 % auraient souhaité recevoir un soutien psychosocial dans l’unité de débordement, ce qui suggère un besoin de services allant au-delà du simple refuge d’urgence traditionnel.
  • 55 % des répondants se déclarent alcooliques et semblent avoir fréquemment recours à l’unité de débordement.
  • 75 % des utilisateurs ont souligné qu’ils aimeraient avoir plus de temps pour dormir (ils ont été réveillés à 5 h 30 du matin).
  • 50 % des utilisateurs de l’étude ont indiqué qu’un centre de consommation d’alcool contrôlée – aussi appelé « wet shelter » – est un service important qui manque à Montréal. Ce type de centre accueille les personnes itinérantes toxicomanes alors qu’elles sont intoxiquées et leur permet de consommer des portions d’alcool régulées.
  • Toutes les utilisatrices, à l’exception d’une seule d’entre elles, ont eu des commentaires généralement positifs sur le service. 67 % des femmes ont précisé qu’elles se sentaient en sécurité à cet endroit, tandis que 33 % ont indiqué qu’elles ne se sentaient pas en sécurité à l’unité de débordement.
  • Les utilisateurs autochtones ont exprimé une préférence pour les services adaptés aux Autochtones ; la gestion future des unités de débordement devrait possiblement être coordonnée avec les services autochtones (comme le Projets Autochtones du Québec) pour mieux comprendre les lacunes dans la prestation des services à cette clientèle.
  • Une plus grande considération doit être accordée aux usagers qui se présentent au refuge après avoir été refusés ailleurs ; ce n’est pas que les autres centres étaient pleins, mais plutôt que ces personnes ne respectaient pas les règles des autres services offerts aux personnes sans-abri.
  • Les chiffres indiquent qu’il y a très peu d’animaux de compagnie à l’unité de débordement.

Avec 1590 clients uniques, l’unité de débordement ouverte en 2019 a fourni un service qui manquait à Montréal pour les personnes sans-abri.

Plus important encore, elle a révélé un manque évident d’options avec peu de barrières à l’entrée pour aider les personnes qui, autrement, dormiraient dans la rue ou dans le métro. C’est en instaurant un climat de confiance et en incitant les personnes à bénéficier des services de soutien dont elles ont besoin pour reconstruire leur vie que nous pourrons voir la fin de l’itinérance.

Accéder au rapport intégral (PDF)

Couverture médiatique :

Demandes des médias :

Melissa Bellerose
Directrice, Communication et affaires publiques
Mission Old Brewery
Tél. : 514 788-1884, poste 252
mbellerose@missionoldbrewery.ca

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