Les personnes ayant fréquenté les Services aux femmes au Pavillon Patricia Mackenzie connaissent bien Florence Portes, et pour cause. Femme d’action, Florence Portes n’a reculé devant aucun défi lors de ses années d’engagement auprès de la Mission Old Brewery. Nous revenons sur quelques-unes de ses réalisations marquantes.
Journaliste dans de grands médias en France, Florence a un jour décidé de partir à l’aventure. Elle arrive au Québec en 1998. « Je voulais faire quelque chose de très concret », raconte celle qui s’est alors présentée dans un refuge montréalais pour proposer ses services comme bénévole. C’est ainsi qu’elle fait la rencontre des résidents de la Maison Eugénie-Bernier, une maison de chambres pour hommes en situation d’itinérance chronique. Prise d’affection pour ces résidents, elle y restera deux ans et créera avec eux une exposition pour le Musée des beaux-arts de Montréal.
Toujours prête à relever de nouveaux défis, Florence s’installe ensuite en Nouvelle-Zélande où elle œuvre comme travailleuse sociale pour un centre de désintoxication. « Ça a été un bain multiculturel extraordinaire, incluant une immersion avec la communauté autochtone maorie », se souvient-elle.
Elle retourne ensuite en France travailler en agriculture urbaine avant de revenir à Montréal. Ayant souvent entendu parler de la Mission Old Brewery, elle s’y rend. On lui propose alors d’intégrer les Services aux femmes. Pour celle qui a surtout évolué dans des milieux masculins, c’est un nouvel univers qui s’ouvre.
Aux Services aux femmes, elle est fière d’avoir été la cheffe d’orchestre d’une équipe unie et diversifiée. « J’avais des collègues qui venaient de partout. C’était vraiment une richesse. On avait aussi une diversité de genre, notamment avec l’une des premières intervenantes transgenres dans un milieu de femmes au Québec. »
Fidèle à ses valeurs humanistes, Florence privilégie une approche d’ouverture et de soutien : « On est là pour accueillir les gens qui ont moins, qui sont blessés et qui doivent se rétablir. Non pas pour leur dire quoi faire, mais pour les guider sur le chemin où ils veulent aller. »
Et pour elle, le soin porté aux lieux d’accueil est important : « Même avec de petits moyens, on peut créer un environnement qui est plus que digne. J’ai fait la promotion du beau, du confort, du coquet. Ça contribue à un environnement favorable au rétablissement. »
Pleine d’aplomb, Florence n’a pas hésité à solliciter l’organisme MU pour une murale flamboyante à l’entrée du Pavillon Patricia McKenzie. « C’était un pied de nez à l’image parfois larmoyante qu’on donne de l’itinérance et de la pauvreté, raconte-t-elle. Oui, c’était un peu osé d’avoir ce rose fuchsia et ces couleurs incroyables, mais ça égaie les journées d’hiver et c’était une façon de dire : “Nous aussi, on a nos couleurs” ! »
Un autre projet audacieux mené par Florence Portes ? Ouvrir des appartements-relais pour femmes en situation d’itinérance, au cœur du Plateau Mont-Royal. « Je suis une adepte de l’embourgeoisement à l’envers. L’idée de la Maison des voisines de Lanaudière, c’était de faire la preuve qu’on peut trouver notre place, même dans des quartiers où des gens sont exclus en raison de la flambée des prix ou d’une vision restrictive de la mixité sociale. Les beaux endroits contribuent au rétablissement ; les quartiers stimulants aussi », estime-t-elle.
Il y a un an et demi, Florence a accepté une nouvelle responsabilité : développer un parc immobilier pour la Mission Old Brewery. Il manque de logements abordables ? Construisons-en, s’est dit la Mission Old Brewery. « Ça démontre la volonté de l’organisme de passer à la vitesse supérieure », affirme Florence.
En 18 mois, 5 projets ont été lancés et 75 logements sont en construction dans Lachine, Ville-Marie, Saint-Michel et sur le Plateau Mont-Royal. « C’était très ambitieux de dire qu’on va devenir propriétaire immobilier pour placer notre monde », explique Florence. Rappelons-le : les personnes accompagnées par la Mission se retrouvent souvent devant un défi insurmontable après avoir quitté la rue, soit de trouver un logement convenable.
Après toutes ces années, l’appel du large se fait sentir : Florence quittera bientôt le Québec pour s’installer au Texas. « Ce dont je vais m’ennuyer ? De pouvoir remettre les clés [des appartements] à Ginette, Martin, Alphonse et Mohamed, de voir les gens s’épanouir dans ces lieux et d’en faire d’autres qui leur ressemblent et dont ils seront fiers », avoue-t-elle.
« Le passage de Florence a été marquant. Reconnue pour son engagement humain, social et politique, elle a laissé une empreinte durable à la Mission Old Brewery. Nous avons été privilégiés de l’avoir avec nous pendant tout ce temps », a souligné le président et chef de la direction de la Mission Old Brewery, James Hugues.
Après près de 13 ans à la Mission Old Brewery, Florence Portes retourne donc sur la route. Gageons que partout où elle ira, elle y mettra du beau, tout en faisant quelques pieds de nez aux conventions !